Antoine Berman a dit que la visée de traduction était de "féconder le Propre par la médiation de l'Étranger". À l'époque de la mondialisation et du multiculturalisme, la réception de la culture étrangère et la recréation se font d'abord par la traduction. Cette culture traductive ne signifie pas absence d'originalité, mais plutôt fortification de la subjectivité culturelle. Par ailleurs, privées de l'apport de la traduction, les cultures de chaque nation ne pourraient pas se mêler et s'enrichir mutuellement. Ainsi peut-on affirmer que la traduction a joué, et continue de le faire, un rôle de première importance pour les échanges culturels tout au long de l'histoire humaine.
Notre étude a pour objectif d'activer la critique des traductions au sein de la brutale réalité d'une culture traductive où les traductions fautives ne manquent pas. Notre démarche envisage donc les théories de traduction, ainsi que les pratiques de la traduction littéraire.
La première partie porte sur les théories de la traduction. La traduction ne tend pas à l'identité de deux énoncés, mais à leur équivalence. Dans ce processus, elle se sépare en deux potentialités antagonistes du traduire, à savoir, la traduction littérale qui poursuit l'équivalence sémantique, expressive, et la traduction libre dont l'objectif est l'équivalence sémantique, fonctionnelle.
Nous avons comparé et analysé les principales théories contemporaines de la traduction en France. Celles avancées par les sourciers : la "traduction-de-la-lettre" d'Antoine Berman, la "poétique de la traduction" d'Henri Meschonnic; celles proposées par les ciblistes : la "théorie interprétative" de l'E.S.I.T., la théorie traductive de la perspective herméneutique, épistémologique de Jean-René Ladmiral.
Concrètement, les premières visent à recevoir l'étrangeté (la forme, la spécificité linguistiques du texte de départ et l'hétérogénéité culturelle) pour élargir l'horizon de la culture réceptrice en considérant la traduction comme le moyen essentiel des échanges culturels tandis que les secondes tendent vers la transmission du sens, l'équivalence de l'effet affectif en prenant la traduction pour un procédé de communication. Si l'on opte pour la traduction littérale, le trop près du texte de départ entraîne parfois une correspondance codifiée et une cocasserie linguistique en dépit de l'avantage du respect pour l'altérité culturelle. Pour ce qui est du second courant, la langue n'est que l'instrument qui transmet le sens, le traducteur n'est pas trop lié à la forme de la langue. Il lui est donc loisible de supprimer l'étrangeté ou de déformer le texte de départ systématiquement pour une meilleure lisibilité chez le lecteur. Et lorsque les différences de caractéristiques linguistiques sont importantes comme c'est le cas entre le coréen et le français, cette méthode de traduire pourrait se révéler plus utile, plus appropriée.
J.-R. Ladmiral prétend que la traductologie doit devenir une science pratique : il parle de "traductologie productive" qui peut aider des traducteurs s'appuyant sur l'intuition et l'expérience à faire des choix et des déterminations rationnels en classifiant, analysant, et conceptualisant leurs difficultés. Son affirmation nous fait envisager, dans un deuxième temps, les théories de la critique des traductions et enfin les pratiques de la traduction.
Actuellement, le niveau de qualité des traductions n'est pas garanti, alors que leur nombre augmente. Pour surmonter ce problème qualitatif, une critique des traductions est nécessaire. Parce qu'il est difficile d'espérer un rehaussement du statut de la traduction et de sa qualité sans que l'on classifie et évalue systématiquement les traductions réalisées en fonction des différentes conceptions propres aux traducteurs, sans que l'on distingue le plus rigoureusement possible les bonnes des mauvaises traductions. Si la traductologie tend à l'harmonie entre théorie et pratique, la critique des traductions, située à leur intersection, est un champ qui, essentiellement, cherche à réaliser cet objectif, parmi les nombreux domaines de la traductologie. Même si la subjectivité dans le jugement du critique ne peut être complètement exclue, même si l'existence de critères à la fois clairs et objectifs évaluant et critiquant la qualité des traductions n'est pas certaine, le niveau de la réflexion concernant cette qualité s'élèvera par la tentative même d'élaboration de critères systématiques.
Pour cela, nous avons considéré les théories de la critique des traductions : la critique basée sur la théorie interprétative (retenant comme critères la congruence notionnelle, poétique, culturelle, et communicative), la critique scientifique de Werner Koller (les équivalences dénotative, connotative, normative, pragmatique et formelle).
Les dissensions entre les tenants de la traduction littérale et ceux de la traduction libre restent l'une des polémiques les plus perdurables de la traductologie, et l'on ne pourrait clore le débat par la prééminence d'un parti sur l'autre comme ce fut le cas en littérature avec le romantisme et le réalisme. Cet antagonisme de longue date pourrait s'avérer plutôt positif, utile au développement durable de la traductologie, en suscitant diverses réflexions sur la traduction et la possibilité d'une discussion scientifique.
Afin de maintenir l'objectivité de la description du critique, il est indispensable d'analyser minutieusement le texte original et de le confronter à ses traductions. En outre, pour l'activation de la critique des traductions, il est en premier lieu nécessaire de créer une ambiance, un espace de communication accueillants et ouverts au sein desquels pourront se tenir des discussions, des échanges collectifs, objectifs et constructifs.
Enfin, dans la dernière partie de notre travail, intitulée « Pratiques de la traduction littéraire », nous nous sommes é à la critique des traductions.
Depuis que l'acte de traduire existe, il n'y a pas de traductions identiques, ni parfaites. Il ne saurait être surprenant que plus la systématique et la culture des langues sont éloignées, plus la possibilité de traductions déficientes devient forte. Nous avons classé, analysé quelques types de problèmes rencontrés dans des textes traduits en coréen, en nous appuyant sur les différents points de vue épistémologiques, herméneutiques des traducteurs.
Dans cette partie, nous avons confronté et analysé deux traductions du Père Goriot d'Honoré de Balzac, ouvrage qui occupe une place importante dans l'histoire de la littérature française du ⅩⅨe siècle. Pour l'examen de cette œuvre, nous nous sommes appuyé sur les critères critiques suivants, eux-mêmes décomposés en unités de critique concrètes : l'équivalence notionnelle (niveau lexical et phrastique, contexte cognitif), les spécificités de la langue de départ (expression idiomatique, différences culturelles), l'usage individuel du langage chez l'auteur (expression de la métaphore, caractère spécifique d'une langue), et le dispositif pour les lecteurs (paratexte).
Il semble donc plus que légitime d'engager une discussion rigoureuse et scientifique, en relevant et commentant les problèmes dans les traductions, mais nous pensons qu'il faut au préalable reconnaître leur inévitabilité. Parce que "l'erreur est humaine", que l'utilité de la traduction est insigne, et que la traduction parfaite et définitive n'existe pas. On ne peut mettre les problèmes de traduction sur le seul compte des traducteurs et des éditeurs. L'examen critique impartial des traductions devrait être une préoccupation constante et majeure de la recherche en traductologie.
Si l'importance de la pratique est indéniable dans la traduction, une pratique sans théorie est imprudente, de même qu'une théorie sans pratique reste vaine. Pour que la théorie de la traduction soit féconde, il lui faut donc poursuivre une corrélation étroite avec la pratique. C'est-à-dire qu'une traductologie productive est souhaitable, parce qu'elle peut réduire la distance qui les sépare et qu'elle est à même de créer un espace de communication et d'échanges. C'est la raison d'être de notre thèse, c'est pourquoi nous nous sommes penché sur les théories et les pratiques de la traduction littéraire.
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