La voiture allait si lentement qu'à dix heures du matin on n'avait pas fait quatre lieues. Les hommes descendirent trois fois pour monter des c tes à pied. On commen ait à s'inquiéter, car on devait déjeuner à T tes et l'on désespérait maintenant d'y parvenir avant la nuit. Chacun guettait pour apercevoir un cabaret sur la route, quand la diligence sombra dans un amoncellement de neige, et il fallut deux heures pour la dégager. L'appétit grandissait, troublait les esprits; et aucune gargote, aucun marchand de vin ne se montraient, l'approche des Prussiens et le passage des troupes fran aises affamées ayant effrayé toutes les industries. Les messieurs coururent aux provisions dans les fermes au bord du chemin, mais ils n'y trouvèrent pas même de pain, car le paysan, défiant, cachait ses réserves dans la crainte d'être pillé par les soldats qui, n'ayant rien à se mettre sous la dent, prenaient par force ce qu'ils découvraient. Vers une heure de l'après-midi, Loiseau annon a que décidément il se sentait un rude creux dans l'estomac. Tout le monde souffrait comme lui depuis longtemps; et le violent besoin de manger, augmentant toujours, avait tué les conversations. De temps en temps, quelqu'un baillait; un autre presque aussit t l'imitait; et chacun, à tour de r le, suivant son caractère, son savoir-vivre et sa position sociale, ouvrait la bouche avec fracas ou modestement en portant vite sa main devant le trou béant d'où sortait une vapeur. Boule de suif, à plusieurs reprises, se pencha comme si elle cherchait quelque chose sous ses jupons. Elle hésitait une seconde, regardait ses voisins, puis se redressait tranquillement. Les figures étaient pales et crispées. Loiseau affirma qu'il payerait mille francs un jambonneau. Sa femme fit un geste comme pour protester; puis elle se calma. Elle souffrait toujours en entendant parler d'argent gaspillé, et ne comprenait même pas les plaisanteries sur ce sujet. "Le fait est que je ne me sens pas bien, dit le comte; comment n'ai-je pas songé à apporter des provisions?" Chacun se faisait le même reproche. Cependant, Cornudet avait une gourde pleine de rhum; il en offrit: on refusa froidement. Loiseau seul en accepta deux gouttes, et, lorsqu'il rendit la gourde, il remercia : "C'est bon tout de même, a réchauffe, et a trompe l'appétit." L'alcool le mit en belle humeur et il proposa de faire comme sur le petit navire de la chanson: de manger le plus gras des voyageurs. Cette allusion indirecte à Boule de suif choqua les gens bien élevés. On ne répondit pas; Cornudet seul eut un sourire. Les deux bonnes soeurs avaient cessé de marmotter leur rosaire, et, les mains enfoncées dans leurs grandes manches, elles se tenaient immobiles, baissant obstinément les yeux, offrant sans doute au ciel la souffrance qu'il leur envoyait. Enfin, à trois heures, comme on se trouvait au milieu d'une plaine interminable, sans un seul village en vue, Boule de suif, se baissant vivement, retira de sous la banquette un large panier couvert d'une serviette blanche. 车子走得很慢,法语论文范文,弄到早上10点钟还只走了四法里。男人们在上坡的时候一共下车步行了三回,大家渐渐不放心了,因为本来应当在多忒那地方吃午饭,现在眼见得非在黑夜是没法子赶到的。所以到了车子陷到积雪当中要两小时才拉得出来的时候,每一个人都去探究大路上的小酒店了。 吃东西的欲望一步一步增加,使得每一个饿了的人都是心慌的;然而没有人看见一家饭铺子,一家酒铺子,因为法国的饥饿队伍走过之后,又有普鲁士人就要开过来,所有做生意的人都吓跑了。 先生们跑到大路边上的农庄里去寻找食物了,不过他们连面包都没有找着,因为心下怀疑的农人们,生怕那些一点什么也啃不着的军人发现什么就用武力来抢什么,所以都隐藏了他们的储藏品。 午后一点快到了,鸟老板扬言自己的确感到肚子里空得非常厉害。大家久已是和他一样感到痛苦的;这种不断扩大的求食的强烈需要终于关上了他们的话匣子。 不时有人打呵欠了,另一个几乎立刻就摹仿他;每一个人在轮到自己受着作用的时候也都打呵欠了,不过却随着自己的个性和世故以及社会地位,或者带着响声张开嘴巴,或者略略张开随即举起一只手掩住那只吐出热气的大窟窿。羊脂球一连好几次弯着身子,如同在裙子里寻找什么一样。她迟疑了一刹那,望了望同车的人,法语毕业论文,随后她安安静静挺直了身子。各人的脸上都是苍白的和缩紧的。鸟老板肯定自己可以出一千金法郎去买一只肘子吃。他的妻子如同抗议似的做了一个手势,随后她不动弹了。听到说起乱花钱,她素来是肉疼的,甚至于把有关这类的戏谑也当成了真的,伯爵说:“我在事实上觉得不好受,为什么我先前没有想到带些吃的东西?”每一个人都同样埋怨自己了。 |