《茶花女》中法对照第5章(法语)(2)[法语论文]

资料分类免费法语论文 责任编辑:黄豆豆更新时间:2017-05-17
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Avril avait reparu, le temps était beau, les tombes ne devaient plus avoir cet aspect douloureux et désolé que leur donne l' hiver ; enfin, il faisait déjà assez chaud pour que les vivants se souvinssent des morts et les visitassent. Je me rendis au cimetière, en me disant : à la seule inspection de la tombe de Marguerite, je verrai bien si la douleur d' Armand existe encore, et j' apprendrai peut-être ce qu' il est devenu. J' entrai dans la loge du gardien, et je lui demandai si le 22 du mois de février une femme nommée Marguerite Gautier n' avait pas été enterrée au cimetière Montmartre.

Cet homme feuilleta un gros livre où sont inscrits et numérotés tous ceux qui entrent dans ce dernier asile, et me répondit qu' en effet le 22 février, à midi, une femme de ce nom avait été inhumée.

Je le priai de me faire conduire à la tombe, car il n' y a pas moyen de se reconna?tre, sans cicérone,dans cette ville des morts qui a ses rues comme la ville des vivants. Le gardien appela un jardinier à qui il donna les indications nécessaires et qu il' interrompit en disant : " je sais, je sais... oh !La tombe est bien facile à reconna?tre, "continua-t-il en se tournant vers moi.

-Pourquoi ? Lui dis-je.

-Parce qu' elle a des fleurs bien différentes des autres.

-C' est vous qui en prenez soin ?

-Oui, monsieur, et je voudrais que tous les parents eussent soin des décédés comme le jeune homme qui m' a recommandé celle-là.

Après quelques détours, le jardinier s' arrêta et me dit :

-Nous y voici.

En effet, j' avais sous les yeux un carré de fleurs qu' on n' e?t jamais pris pour une tombe, si un marbre blanc portant un nom ne l' e?t constaté. Ce marbre était posé droit, un treillage de fer limitait le terrain acheté, et ce terrain était couvert de camélias blancs.

-Que dites-vous de cela ? Me dit le jardinier.

-C' est très beau.

-Et chaque fois qu' un camélia se fane, j' ai ordre de le renouveler.

-Et qui vous a donné cet ordre ?

-Un jeune homme qui a bien pleuré, la première fois qu' il est venu ; un ancien à la morte, sans doute, car il para?t que c' était une gaillarde,celle-là. On dit qu' elle était très jolie. Monsieur l' a-t-il connue ?

-Oui.

-Comme l' autre, me dit le jardinier avec un sourire malin.

-Non, je ne lui ai jamais parlé.

-Et vous venez la voir ici ; c' est bien gentil de votre part, car ceux qui viennent voir la pauvre fille n' encombrent pas le cimetière.

-Personne ne vient donc?

-Personne, excepté ce jeune monsieur qui est venu une fois.

-Une seule fois ?

-Oui, monsieur.

-Et il n' est pas revenu depuis ?

-Non, mais il reviendra à son retour.

-Il est donc en voyage ?

-Oui.

-Et vous savez où il est ?

-Il est, je crois, chez la soeur de Mademoiselle Gautier.

-Et que fait-il là ?

-Il va lui demander l' autorisation de faire exhumer la morte, pour la faire mettre autre part.

-Pourquoi ne la laisserait-il pas ici ?

-Vous savez, monsieur, que pour les morts on a des idées. Nous voyons cela tous les jours, nous autres. Ce terrain n' est acheté que pour cinq ans,et ce jeune homme veut une concession à perpétuité et un terrain plus grand ; dans le quartier neuf ce sera mieux.

-Qu' appelez-vous le quartier neuf ?

-Les terrains nouveaux que l' on vend maintenant,à gauche. Si le cimetière avait toujours été tenu comme maintenant, il n' y en aurait pas un pareil au monde ; mais il y a encore bien à faire avant que ce soit tout à fait comme ce doit être. Et puis les gens sont si dr?les.

-Que voulez-vous dire ?

-Je veux dire qu' il y a des gens qui sont fiers jusqu' ici. Ainsi, cette Demoiselle Gautier, il para?t qu' elle a fait un peu la vie, passez-moi l' expression. Maintenant, la pauvre demoiselle,elle est morte ;et il en reste autant que de celles dont on n' arien à dire et que nous arrosons tous les jours ;eh bien, quand les parents des personnes qui sont enterrées à c?té d' elle ont appris qui elle était,ne se sont-ils pas imaginé de dire qu' ils s' opposeraient à ce qu' on la m?t ici, et qu' il devait y avoir des terrains à part pour ces sortes de femmes comme pour les pauvres. A-t-on jamais vu cela ? Je les ai joliment relevés, moi ;des gros rentiers qui ne viennent pas quatre fois l' an visiter leurs défunts, qui apportent leurs fleurs eux-mêmes, et voyez quelles fleurs !

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